[…] 26 décembre
Hier, jour de Noël, le brouillard s’est dissipé, laissant un jour de paradis; aujourd’hui, vent et soleil triomphant; je pense que vous avez la neige. J’ai passé Noël solitaire; tous dehors au dîner de famille. Mais tous si contents. Beaucoup de gens disent détester Noël et les étrennes; moi // pas; pourvu que les pourboires laissent des figures contentes; et j’aime penser à la bonne chère que font ceux pour qui elle a une valeur esthétique, valeur de contemplation. Et puis, j’aime la Nativité, le l’Enfant Jésus, que la Madonne. Cette atmosphère charmante, autant que j’ai horreur de la Passion, tout ce sacrifice sanglant offert au sadisme des siècles. Donc, hier je me suis promenée, m’asseyant sur le bâton que vous connaissez dans les poderi voisins, où il y a des saules orangés et de grandes [jenses] (c’est bien ça? lecci) au-dessus du ruisseau. Et Fiesole, Jésrusalem Céleste, dans le fond, contre le Ciel bleu. Puis, avant de souper, c’est-à-dire mon potage solitaire, j’ai relu au piano (c’est ma célébration) // des pages de l’oratorio de Noël. Je n’entendais plus toutes les notes, et beaucoup étaient fausses, cette horrible incompatibilité des octaves hautes et basses –mais enfin j’ai lu, j’ai entendu cette chose divine –il y a des pages aussi exquises, tendres que n’importe quel Mozart (à propos le Köchel ↑Ré majeur↑ 210 320 C’est la 7ème Symphonie, pas la 12ème; il est vraisemblable que mozart ait y ait y a adapté la Sérénade pour 8 instruments à vent, de même qu’il a fait pour la Sérénade Haffner devenue elle aussi la Symphonie n° 8 Je ne possède pas la Bibliographie de Köchel, Mme Hecht doit l’avoir.
Enfin, j’ai fini ma soirée de Noël en relisant la Nativité dans St Luc. […]