La femme de lettres aux talents multiples, romancière, nouvelliste, théoricienne, Vernon Lee a laissé sa marque très tôt dans le domaine de la littérature fantastique.

Plusieurs œuvres, notamment celles réunies dans le recueil Hauntings, d’autres encore comme Alberic and the Snake Lady, se servent d’un environnement teinté de surnaturel véritable ou suggéré pour poser les questions récurrentes de l’univers vernonien : l’oeuvre d’art (sculpture, portrait, musique), le genius loci (bien souvent l’Italie de la Renaissance ou du XVIIIe siècle, mais aussi de l’Antiquité gréco-romaine, l’Angleterre des grandes demeures jacobéennes), dans un entre-deux avec le présent, celui d’une époque plus récente, où la fascination venue du passé viendra bouleverser les repères.

Ces schémas narratifs, identifiés par les familiers des textes théoriques de Vernon Lee comme l’invasion de l’apollinien par le dionysiaque, abolissent les frontières entre le passé et le présent et entre les personnes.

Comment évaluer et comprendre le fantastique (conçu comme l’irruption du surnaturel dans le quotidien) lorsque Vernon Lee laisse entendre un processus essentiellement psychologique plus complexe qu’un phénomène purement surnaturel comme dans l’histoire de fantômes classique ? Y-a-t-il une marge d’interprétation entre, d’une part, la position adoptée par Vernon Lee dans ses écrits théoriques selon laquelle c’est la confrontation physique avec l’oeuvre d’art, le portrait, le lieu naturel ou bâti qui suscite une « empathie » et partant de là une sensation de hantise, et d’autre part, le postulat de tant de récits fantastiques qui accordent à certaines personnalités puissantes une existence post-mortem et la capacité de répondre à l’appel qu’un vivant, insatisfait de sa vie présente, leur lance ?

Plus largement, on pourra comparer Vernon Lee et d’autres auteurs qui partagent les mêmes prédilections tant géographiques qu’historiques et artistiques (notamment sa célébration de la Renaissance, une Renaissance décadente certes, souvent cruelle), évaluer sa place au sein d’une littérature en plein essor à la fin du XIXe siècle, la « New Romance », illustrée notamment par une autre femme de lettres, Marie Corelli, les inévitables parallélismes avec Oscar Wilde, et finalement, dans les récits qui témoignent d’un drame ancien qui fait planer sa malédiction sur les descendants des premiers protagonistes, évoquer des ressemblances avec Edgar Poë et même H.P. Lovecraft.

Finalement, la résurgence de l’Antiquité, ses œuvres d’art, ses dieux, relierait Vernon Lee à une galaxie littéraire qui rassemble des auteurs tels Prosper Mérimée, Arthur Machen, Gabriele D’Annunzio, Wilhelm Jensen, Robert W. Chambers, Théophile Gautier et bien d’autres, tandis que la fascination qu’exerce le portrait de la Renaissance, le portrait « hanté » n’est pas sans rappeler Robert Browning, les méditations de Walter Pater sur la Joconde, sans oublier, à des degrés divers, des romanciers comme Herman Melville, Nathaniel Hawthorne, Henry James et James Branch Cabell, qui ont tous accordé un pouvoir quasi surnaturel à des portraits anciens, lorsque ces derniers sont évocateurs d’une grande tragédie.

Les communications seront acceptées en Français ou en Anglais.

Merci d’envoyer un résumé (300 mots) de votre proposition accompagné d’une courte présentation biographique au plus tard le 14 Avril 2022 à :

Pr. Marc ROLLAND

garryowen@wanadoo.fr

Pr Marc Rolland, Professeur à l’Université Littoral Côte d’Opale, est l’auteur du récent ouvrage Epouser la déesse, Essais sur la femme, le surnaturel et l’hyperbole, éditions Shaker Verlag, 2021.

Nous sommes heureux d’annoncer que l’événement annuel de l’International Vernon Lee Society, co-organisatrice du colloque, aura lieu pendant ce colloque fort opportunément organisé dans le lieu de naissance de Vernon Lee.

CFP : International Conference, Université de la Côte d’Opale (Boulogne-sur-Mer, France)

Vernon Lee’s Fantastic Fiction

13-14 October 2022

The multitalented woman of letters, writer of fiction, and theoretician Vernon Lee (Violet Paget, 1856-1935) very early –and deeply—marked the field of fantastic literature.

Many of her works, like those gathered in the collection Hauntings or such as “Prince Alberic and the Snake Lady”, make use of a background immersed in the supernatural, be it real or suggested, to deal with questions that are recurrent in her work. Art works (sculptures, portraits, music) or the genius loci (often the spirit of Renaissance or Eighteenth Century Italy, but also Greek and Roman Antiquity, or the great Jacobean houses in England), often provide in-between, liminal spaces that border on the present and the past, broken into by a fascination with the historic that disrupts all topographical and temporal landmarks.

Readers familiar with Vernon Lee’s theoretical texts have identified narrative patterns such as the Apollonian being overwhelmed by the Dionysiac, or the frontier between past and present or between people being abolished.

This conference hopes to ask, if we consider the fantastic as the irruption of the supernatural in everyday life, how can we then assess and understand Lee’s fantastic fiction when her own texts and theory suggest a complex, fundamentally psychological process, rather than supernatural phenomena as described in classic ghost stories?

It is possible to argue that Lee’s chosen theoretical posture on the fantastic reveals itself when empathy is evoked by a work of art, a portrait, a natural place or a building which arouses a feeling of “hauntedness”. Yet at the core of so many ghost stories (some too, by Lee), there is the assumption that the powerful personalities of the past can be endowed with a supernatural existence being willed to do so by the dissatisfied living. So how should one interpret Lee’s fantastic texts?

This conference would like to interrogate Lee’s position on, and place within fantastic literature. We would also welcome broader comparisons between Vernon Lee and other writers who shared similar geographical, historical or artistic predilections. Lee’s decadent and cruel celebration of the Renaissance may situate her within the “New Romance” movement whicb boomed in the late 19^th century and is exemplified by another woman of letters, Marie Corelli. There may also be the inevitable parallels with Oscar Wilde, or resemblances drawn between Edgar Allan Poe and H. P. Lovecraft’s ancient drama having cast a curse on the initial protagonist’s descendants.

Perhaps the resurgence and the revival of art works or of gods and goddesses from Antiquity may connect Vernon Lee with a literary galaxy gathering authors like Prosper Mérimée, Arthur Machen, Gabriele d’Annunzio, Wilhelm Jensen, Robert W. Chambers, Théophile Gautier and many others, while the fascination of Renaissance portraits or haunted portraits is reminiscent of Robert Browning, of Walter Pater’s meditations on Mona Lisa, not to mention, to different degrees, novelists like Herman Melville, Nathaniel Hawthorne, Henry James and James Branch Cabell, all of whom endowed old portraits suggestive of some great tragedy with quasi supernatural powers.

We invite papers in French or in English.

Please send you 300-word abstract and short personal resume no later that 14 April 2022 to Pr. Marc ROLLAND

garryowen@wanadoo.fr

Pr Marc Rolland, Professor at the Université Littoral Côte d’Opale, recently published Epouser la déesse, Essais sur la femme, le surnaturel et l’hyperbole, éditions Shaker Verlag, 2021.

We are delighted to announce that the annual event of the International Vernon Lee Society, co-organiser of the conference, is scheduled during this conference most aptly taking place in Vernon Lee’s own birthplace.